Fuis, tais-toi et garde le recueillement
Abba Arsène, vivant au palais, pria Dieu en ces termes : « Seigneur, conduis-moi sur la voie du salut » et une voix vint lui dire : « Arsène, fuis les hommes et tu seras sauvé ». Le même s’étant retiré dans la vie solitaire fit à nouveau la même prière et il entendit une voix lui dire : « Arsène, fuis, tais-toi, garde le recueillement : ce sont là les racines de l’impeccabilité » (« Abba, dis-moi une parole », Ed. de Solesmes, 1-2, p. 13). Fuir les hommes, se taire, garder le recueillement sont les trois degrés de l’hésychia. Cette ascension est-elle possible sans se retirer au désert et y vivre la solitude ? Pouvons-nous l’envisager en-dehors de l’engagement monastique ?
4. De l’écoute au silence – du silence des lèvres au silence du coeur
Se taire nous rend capable d’être attentif et de nous mettre à l’écoute de ce que Dieu veut nous dire par l’autre.
Le silence des lèvres introduit au silence du cœur. Il est cette sobriété qui permet la vigilance, cette attention à ce que Dieu opère dans notre cœur.
« Le sage dit : Sois sobre, sois éveillé, veille sur ta vie », nous rapporte saint Isaac. Le Christ nous invite à “veiller et prier” afin de ne pas entrer en tentation.
En ce sens, tout le message des anciens s’appuie sur le premier appel que Dieu adresse aux hommes qui est devenu la clef et le nerf de toute la tradition juive puis chrétienne : « Écoute Israël, le Seigneur est ton Dieu, le Seigneur est UN » (Deut. 6, 4).
L’écoute est la disposition du cœur qui permet la croissance. Tout commence dans l’écoute et s’accomplit dans la contemplation.