Fuis Tais Toi Garde Recueillement

Sainte Croix centre d'étude et de prière orthodoxe

Fuis, tais-toi et garde le recueillementPdf

 

Abba Arsène, vivant au palais, pria Dieu en ces termes : « Seigneur, conduis-moi sur la voie du salut » et une voix vint lui dire : « Arsène, fuis les hommes et tu seras sauvé ». Le même s’étant retiré dans la vie solitaire fit à nouveau la même prière et il entendit une voix lui dire : « Arsène, fuis, tais-toi, garde le recueillement : ce sont là les racines de l’impeccabilité » (« Abba, dis-moi une parole », Ed. de Solesmes, 1-2, p. 13). Fuir les hommes, se taire, garder le recueillement sont les trois degrés de l’hésychia. Cette ascension est-elle possible sans se retirer au désert et y vivre la solitude ? Pouvons-nous l’envisager en-dehors de l’engagement monastique ?

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1. Fuir vers le coeur

Par Arsène, il nous est proposé un chemin de libération, un moyen pour revenir vers la Source, vers la relation avec le Seigneur et Maître de la vie.
Tous ne sont pas appelés à cette radicalité, mais chacun est invité à participer au Royaume et à acquérir la disposition du cœur pour y entrer. Celle-ci nous est montrée en premier lieu par la prière d’Arsène qui demande humblement au Seigneur de lui montrer le chemin et de le guider.

C’est dans la mise en pratique, dans l’obéissance qu’Arsène marchera sur la voie du salut, mot qui signifie aussi santé (du corps, de l’âme et de l’esprit) et rime avec être libre.

Telle Marie aux pieds du Christ, le moine choisit la meilleure part, l’unique nécessaire, la joie d’être avec Dieu. C’est l’amour de Dieu qui le pousse à quitter le monde pour vivre “seul avec le Seul”. La fuite du monde par dépit ou par démission conduit à un enfermement, un isolement nuisibles.

Ce qui est proposé à Arsène, c’est de faire shabbat, de se retirer, de fuir tout ce qui fait obstacle à la relation avec l’Unique. Ce n’est pas fuir le monde en tant qu’œuvre divine mais en tant qu’il s’oppose à la vie évangélique et maintient l’homme dans l’exil, étranger à lui-même, dans l’état de chute.
Fuir vers le cœur où le Seigneur nous attend, c’est opérer un retour en soi-même, tel l’enfant prodigue, qui revient vers le Père. Tel est le sens spirituel de la fuite.

Saint Basile le Grand nous montre clairement le mode de cette métanoïa : « Lorsque l’esprit ne se dissipe plus parmi les choses extérieures et qu’il ne s’éparpille plus par le monde au moyen des sens, il retourne en lui-même et effectue par ses propres moyens l’ascension vers la pensée de Dieu ».

La distraction, la dispersion de l’intellect qui se laisse attirer par les objets qu’il convoite empêche la relation à Dieu. L’état d’oisiveté est décrit par les anciens comme la mère de toutes les passions, la racine de toutes les déviations.

L’oisif est la proie de tous les fantasmes, des projections délirantes qui lui font quitter le réel et l’entraînent dans l’illusion du fictif. Ce laisser aller le rend captif de tous les mouvements inconscients, de toutes les pensées, le rend vulnérable et l’aliène “à tout ce qui passe”. C’est l’état de l’homme qui est en exil de lui-même, et se perd dans la multiplicité des sollicitations du monde.

La distraction, la dispersion de l’intellect qui se laisse attirer par les objets qu’il convoite empêche la relation à Dieu. L’état d’oisiveté est décrit par les anciens comme la mère de toutes les passions, la racine de toutes les déviations. L’oisif est la proie de tous les fantasmes, des projections délirantes qui lui font quitter le réel et l’entraînent dans l’illusion du fictif.
Ce laisser aller le rend captif de tous les mouvements inconscients, de toutes les pensées, le rend vulnérable et l’aliène “à tout ce qui passe”. C’est l’état de l’homme qui est en exil de lui-même, et se perd dans la multiplicité des sollicitations du monde.

Les pères nous montrent que cet état a trois expressions : l’oubli, la paresse et l’ignorance. Oubli de l’Être, perte du désir ou lâcheté, ignorance du sens ou absurde. Ils nous disent que la racine du péché c’est l’oubli de Dieu, le manque d’attention.

L’oubli de Dieu, surtout dans l’épreuve, vient de notre identification à la réalité matérielle et existentielle. Il montre l’attachement au monde et aux choses du monde, la volonté de s’approprier ce qui nous est donné. C’est être livré à soi-même, à son ego qui est constamment animé par la peur de souffrir et de mourir et qui sans cesse cherche des compensations dans un besoin jamais assouvi de se sécuriser.
L’Être lui manque.

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