Metanoia3

Sainte Croix centre d'étude et de prière orthodoxe

La metanoia : Premiers pas sur le chemin de la guérison

Le mot métanoïa est traduit par « pénitence » ou par « repentir », mots devenus suspects en occident tant ils sont entachés d’une spiritualité doloriste. Métanoïa signifie « au-delà du noûs », au-delà de l’intellect, de notre raison rationnelle et se rapporte à un mouvement de conversion ou de retournement par lequel l’homme s’ouvre à plus grand que lui-même en lui-même. Le repentir est une ré-orientation du désir qui s’exprimait par rapport au monde et qui maintenant est orienté vers Celui qui est Source de désir en nous car il est Source de vie.

Par Père Philippe Dautais

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3. Trois étapes pour un changement

C’est un chemin qui se vit en trois étapes selon ce que nous enseigne la parabole du fils prodigue (Luc 15/ 11-32) :
la première est exprimée par cette parole : Etant rentré en lui-même. Mouvement d’intériorité par lequel l’homme se souvient de Dieu et sort de l’oubli. Ce mouvement peut être suscité par une expérience particulière dite du numineux ou par la maladie, l’échec, l’épreuve… de toute façon par une intervention divine. Par cette grâce, il entend l’appel divin et s’éveille en lui l’exigence intérieure alliée à une ou des prises de conscience.
La deuxième est présidée par cette parole : Je me lèverai, j’irai vers mon Père et je lui dirai. La prise de conscience murit jusqu’à l’élaboration d’une décision très déterminée par laquelle l’homme se met en route et sort de sa léthargie appelée paresse. Dès que s’exprime le désir du retour à Dieu ou dès que l’homme veut metttre en pratique les commandements divins, se lèvent en lui des résistances, se révèlent des passions qui lui font la guerre et veulent le détourner du but ; une grâce particulière accompagne le pénitent. Elle permet de voir les obstacles, aide à en prendre conscience, à les nommer, à les accepter pour une transformation. Ainsi dans la pénitence, l’homme « acquiert la connaissance de son état pathologique » et marche vers sa guérison. L’éveil de la conscience ne suffit pas, il ne devient fécond que s’il se traduit par une décision qui fonde tout chemin spirituel. Décision qui nait de la confiance dans la vie ou confiance en Dieu, laquelle s’affermit par et dans la prière et pose un acte de foi dans l’amour de Dieu qui nous sauve ou nous guérit de l’angoisse du péché et assure cette conversion. Selon le père spirituel du monastère saint Macaire en Egypte, Matta El Maskine : « la prière est l’expression même de ce retour à Dieu et représente une véritable conversion ». Elle exprime cette aspiration à la plénitude, ce désir infini déposé au fond de nous que le fini ne peut combler. Elle est une réponse à l’exigence intérieure qui ne peut se satisfaire de la conformité aux croyances extérieures.

Dans un troisième temps, la prise de conscience devient confession et révélation de l’état intérieur : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi ». Regard sur l’ampleur et les aspects multiformes du péché, sortie de l’ignorance sur soi.

L’oubli, la paresse et l’ignorance sont les trois racines de toutes nos pathologies selon la tradition des Pères de l’Eglise. Elles sont la triple expression de la négligence. Dans cette révélation, l’homme est amené à reconnaître puis à accepter son état. L’acceptation de sa misère est en soi un appel à la miséricorde divine qui s’exprime par la compassion et le pardon du Père qui court avec joie vers son fils.

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