Pardon6

Sainte Croix centre d'étude et de prière orthodoxe

Le pardon : pour rompre avec une logique meurtrière

Notre civilisation et bien d’autres avant nous, ont été fondées sur le meurtre. Qu’il nous suffise de rappeler la civilisation égyptienne, l’empire romain, l’empire mongol,…et tous les génocides qui ont eu lieu dans l’histoire.

La logique meurtrière est à l’oeuvre partout, elle éclabousse nos écrans de télévision, nos journaux à tel point qu’elle fait partie de notre univers et alimente la violence et la haine en permanence. Sans cesse il nous est montré combien la violence engendre la violence par la force du mimétisme. La loi de la répétition est à l’oeuvre sans que l’on puisse lui entrevoir un terme.

Est-il possible de briser la logique meurtrière, de rompre avec la fascination du mal, avec l’enchaînement et le déchaînement de la violence ? Est-il possible de sortir de la répétition et de l’inertie du passé, des mécanismes inconscients mis en place par l’enfant blessé qui est en chacun de nous ?

Père Philippe Dautais

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6. Le pardon suppose la conversion intérieure

Ainsi le pardon se fonde sur l’esprit de métanoïa, de conversion intérieure, par un passage du tout est dû au tout est don.

Se convertir, c’est se mettre sous le regard du Christ qui vient m’affranchir de la logique de mort et m’aide à faire de chaque épreuve une occasion de sanctification. Ce faisant l’homme transforme, par la grâce, les tendances réactionnelles et négatives en motifs de prière. Ou il priera pour son prochain ou il le jugera. « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » dit le Christ.

Dans cet esprit, un coeur prêt à pardonner est un coeur qui a conscience de sa propre vulnérabilité, de ses propres failles, de ses propres manques et qui a conscience d’être aimé jusque dans sa misère. C’est un coeur plein de compassion parce qu’il se sait pauvre. Pardonner dans ce sens, ce sera révéler à l’autre qu’il est aimé, le libérer du poids de la culpabilité et du sentiment d’être non aimable.

Le pardon est la réponse que le Christ a adressée à la faiblesse humaine : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23/34).
Il est la réponse adressée à la logique meurtrière. Si le Christ s’est identifié à Abel, il s’est aussi identifié à Isaac et finalement à toutes les victimes : « toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Mat. 25/40). Il s’est fait bouc émissaire, a accepté d’offrir librement sa vie et n’a donné qu’une seule réponse à ses bourreaux : son pardon. Le pardon exprime l’amour plus fort que la mort, fait de la victime un vainqueur : par sa mort il a fait mourir la mort et a brisé toute logique meurtrière. Il a payé le prix nécessaire à l’affranchissement des esclaves, selon l’étymologie du mot rédemption. Il nous a rappelés à notre liberté qu’il nous invite à exercer pour sortir de l’aliénation, de l’esclavage des passions meurtrières qui agissent en nous malgré nous.

Ainsi Jésus nous a rendus libres à l’égard du destin et appelle chacun à devenir le sujet libre et responsable de sa propre histoire, affranchi des mimétismes et des répétitions mortifères. A l’homme de se décider, mieux, de se déterminer pour la vie et de rompre avec la mort par l’exercice du pardon. Celui-ci appelle la grâce, là où la haine du frère faisait obstacle.

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