L’attention
Etre attentif, telle est l’attitude fondamentale du disciple et de tous ceux qui sont en quête de l’Essentiel, en quête de Dieu. L’attention est la condition de l’éveil et le mode qui permet d’accéder à la connaissance et au discernement. Elle est la racine de toute vie spirituelle. L’attention est pour ceux qui s’y exercent un art de vivre, une manière d’être, un mode de relation à la vie même. Il convient donc de s’y appliquer de tout son c?ur, surtout en un temps où tout porte à la distraction et à la dispersion.
Père Philippe Dautais
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3. Ouvrir le regard
Le premier mode de la prière est la vigilance. L’une ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas de vraie prière si le coeur n’est pas attentif à chaque mot qu’il prononce et si l’esprit n’est pas fixé en Dieu. Le Christ dans les Evangiles joint l’une et l’autre dans ces paroles adressées aux disciples : « veillez et priez en tous temps » Luc 21/36, ou bien : « veillez et priez afin que vous ne succombiez pas dans la tentation » Mat 26/41.
L’appel à la vigilance a ici deux aspects :
Tout d’abord celui d’être attentif à la venue du Christ selon cette parole de l’apocalypse : « Si tu ne veilles pas, je viendrais comme un voleur et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi » Apoc 3/3.
Ensuite, celui de se tenir en éveil afin de ne pas se laisser entraîner par les tentations de l’adversaire comme le révèle le Christ lui-même (Mat 26/41) puis Saint Pierre : « Soyez sobres et vigilants car votre adversaire le diable rode comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » 1P 5/8.
Nous allons tout d’abord considérer ce deuxième aspect qui nous mènera naturellement au premier, lequel est tout à la fois la motivation et le but. La vigilance et la prière vont de pair selon ce qui a été dit : « veillez et priez ».
Au temps de la prière, il nous faut apprendre à prendre de la hauteur par rapport à nous-mêmes afin de ne pas nous laisser entraîner par le flot des pensées, des émotions et des sentiments. Il nous faut aussi refuser de fuir dans l’imaginaire et les illusions. Prendre de la hauteur pour quitter le rapport passionné aux objets et à leurs représentations. La pratique consiste à rappeler sans cesse l’intelligence qui s’égare au dehors vers le dedans afin qu’elle trouve son lieu : le coeur profond.