L’attention
Etre attentif, telle est l’attitude fondamentale du disciple et de tous ceux qui sont en quête de l’Essentiel, en quête de Dieu. L’attention est la condition de l’éveil et le mode qui permet d’accéder à la connaissance et au discernement. Elle est la racine de toute vie spirituelle. L’attention est pour ceux qui s’y exercent un art de vivre, une manière d’être, un mode de relation à la vie même. Il convient donc de s’y appliquer de tout son c?ur, surtout en un temps où tout porte à la distraction et à la dispersion.
Père Philippe Dautais
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2. De l’attention à soi-même
L’attention à ce que l’on fait permet de garder le contact avec le réel et vient nourrir notre rapport symbolique au monde. L’éveil de la conscience est lié à la capacité d’intérioriser le monde extérieur et de générer un ensemble de représentations. Ceci est extrêmement important pour l’édification de la personnalité et l’équilibre psychique du sujet.
L’attention joue ici un grand rôle. Il est édifiant, à cet égard, de regarder comment un enfant se comporte dans la découverte d’un objet nouveau. Il sait prendre le temps de la relation avec l’objet, paraissant absorbé totalement par cette expérience. Dès lors cet objet aura une signification toute particulière pour lui.
L’attention, l’acte conscient, fait entrer dans la nécessité de prendre le temps, même de s’arrêter pour se donner la possibilité d’intégrer ce qui se vit dans l’instant. L’attention ou l’acte conscient se marie très difficilement avec la précipitation. Il est assez aisé de remarquer que les personnes qui ont une profondeur spirituelle ou qui ont un regard éclairé sur les choses de ce monde sont très libres par rapport au temps.
L’attention a ce que l’on fait est déjà un exercice spirituel, au coeur de la réalité quotidienne. Il trouve son prolongement dans l’attention à soi-même qui est le mode de connaissance de soi.
L’essentiel du point de vue spirituel n’est pas dans l’ouvrage mais dans la disposition du coeur. Dans cette perspective, ce n’est pas la quantité de choses que l’on fait qui est importante mais l’amour avec lequel on fait chaque chose.
L’attention à soi-même conduit à la garde du coeur puis par la purification du c?ur à la connaissance de Dieu. « L’attention à soi-même conduit à la connaissance de Dieu » affirme Saint Basile le Grand. La grande Tradition Philocalique en porte le témoignage. Rédigée par les Pères Neptiques que l’on peut traduire par « les Pères attentifs », elle décrit le chemin qui part de l’attention jusqu’à la contemplation.