La Quête du bonheur : Bienheureux…
Ce qui met en route c’est l’amour de Dieu. Sans l’amour de Dieu, l’homme ne garderait pas Sa Parole et n’aurait pas le goût de la mettre en pratique. La parole du Christ culmine dans le sermon sur la montagne. Les béatitudes décrivent le Christ lui-même et à travers lui le mystère même de Dieu et son amour kénotique.
3. Par la méditation de Sa Parole
Pour conduire l’homme vers cette terre promise, Dieu a guidé son peuple, tout d’abord par Moïse puis par les prophètes. Moïse a été appelé par Dieu pour faire sortir le peuple hébreu de la terre d’esclavage et le conduire vers terre de liberté. Dans ce pèlerinage vers la liberté, le Seigneur va donner à Moïse les préceptes pour la croissance de son peuple. Loi d’amour qui a pour finalité de conduire l’homme vers la vie et vers le bonheur. Ceci est clairement explicité dans la recommandation qui précède l’énoncé de cette loi : « vous suivrez entièrement la voie que le Seigneur votre Dieu vous a prescrite afin que vous viviez et que vous soyez heureux » (Deut 5/33).
La finalité des mitsvoth est le bonheur de l’homme. Finalité sur laquelle Moïse va revenir sans cesse pour encourager le peuple d’Israël à écouter attentivement puis à mettre en pratique ces préceptes : « tu les écouteras donc Israël et tu auras soin de les mettre en pratique afin que tu sois heureux » (Deut 6/3). Puis Moïse va donner les deux premiers préceptes qu’Israël répétera deux fois par jour : « Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est UN » et « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton c?ur, de toute ton âme et de toute ta force » (Deut6/4-5).
Appel à la relation, appel à la réciprocité d’amour, appel à la communion, à la commune-union : être aimé et aimer. Le Seigneur rappellera que l’homme est capable de vivre cette béatitude de la réciprocité d’amour. Il lui suffit de la désirer. « Ce commandement (mitsvoth=exercice) que je te prescris aujourd’hui n’est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée… Cette parole au contraire est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton c?ur afin que tu la mettes en pratique » (Deut 30/11-14).
Le mot commandement traduit le mot hébreu mitsvoth qui signifie exercice. Il ne faut donc pas entendre le mot commandement comme un ordre mais comme un appel à exercer nos capacités, mieux, à prendre goût à la méditation de la Parole de Dieu pour la mettre en pratique. Parole qui verticalise, Parole qui révèle à l’homme les capacités d’amour qu’il porte en son c?ur, Parole qui libère de la servitude du « il faut, je dois », Parole qui guérit de la myopie et élargit l’espace de la tente. Parole qui apporte la paix et la joie. C’est pourquoi le psalmiste dès le premier psaume nous dit : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants… mais qui prend plaisir dans la loi du Seigneur et qui la médite jour et nuit. Il est comme un arbre planté auprès des eaux vives qui donne son fruit en sa saison. »
Heureux celui qui se laisse conduire par l’amant de son c?ur, qui savoure sa Parole et se laisse transformer par elle. Heureux celui qui est en marche vers l’accomplissement, qui prépare une terre fertile pour la semence et produira des fruits en son temps (Mat 13). S’ouvrir à plus grand que soi-même en soi-même, descendre dans la profondeur abyssale du c?ur pour boire à la source éternelle, telle est la voie des Béatitudes. Le Christ dans l’Evangile va reprendre d’une manière explicite les mitsvoth en montrant que leur mise en pratique dépend du désir d’amour du Seigneur qui habite notre c?ur. « Si quelqu’un m’aime il gardera ma Parole et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jn 14/23). Il montre que l’écoute de la Parole est motivée par l’amour. Celui qui aime prend plaisir à écouter l’être aimé et à l’assimilation de sa parole. Puis librement, c’est dans la joie qu’il mettra en pratique la parole. Là où il y a liberté, il n’y a pas de contrainte. Là où il y a contrainte, il n’y a pas d’amour. Qui observe la loi par contrainte, à contrec?ur, ne peut donc en tirer profit mais risque au contraire de se révolter ou de l’abandonner.
C’est pourquoi, l’obéissance ne peut rimer qu’avec la liberté et non avec la soumission. L’obéissance n’a de sens que si elle est un instrument de croissance dans l’amour. Elle suppose la confiance et le désir d’entrer en communion avec le Maître. Hors de ces deux fondements, il n’y a que servitude, or dans la servitude, il n’y a pas de joie mais l’âpreté de la contrainte. « Vous avez été appelés à la liberté » clame Saint Paul aux Galates (5/13), invitant ceux-ci à faire un heureux usage de cette liberté, à exprimer une juste orientation du désir. Tous ceux qui ont suivi Jésus l’ont fait librement en dehors de toute contrainte. Ils étaient mus par la soif de la vérité, la soif d’amour. C’est grâce à cette soif qu’ils s’abreuvaient de la Parole du Christ et la recevaient dans leur c?ur.
C’est à tous ceux qui ont soif que le Seigneur a adressé le message des Béatitudes, à ceux qu’il appelait ses disciples. A ceux qui ont conscience de leur manque, de leur pauvreté, de leur finitude, le Christ n’a pas proposé une science du bien-être qui vienne nourrir une satisfaction immédiate, mais il leur a présenté et nous présente un chemin vers la Béatitude de communion.