Louange3

Sainte Croix centre d'étude et de prière orthodoxe

La louange

La louange est au cœur de la prière de l’Eglise. Elle est la tonalité même de la prière.

La louange est tout à la fois l’expression de l’émerveillement, de la gratitude, de la révérence et de la dilatation du cœur sous l’effet de la grâce.
Elle est aussi ce qui nous fait accéder à la contemplation de la réalité telle qu’elle est.
Elle est en ce sens un chemin royal vers la « liberté glorieuse des enfants de Dieu ».

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3. L’urgence de notre temps est à l’émerveillement

L’ouverture du regard est ouverture du cœur.
La louange permet de ne pas se laisser enténébrer par les mouvements de l’âme, par la tristesse du monde. « Mon âme est triste, chante David, mais je loue le Seigneur ». La louange effectue une percée de l’être qui amène une libération intérieure. Si l’homme d’aujourd’hui ne sait plus s’émerveiller, il sait encore moins louer Dieu. A ne plus s’émerveiller il ne sait même plus que Dieu est. Il ne sait plus reconnaître le miracle permanent de la vie. Il pense que tout va de soi, que tout est dû.

La peur de la mort.
La société contemporaine, la pensée de notre temps sont hantées et finalement traumatisées par la mort. Nous n’avons jamais autant parlé de la mort, jamais autant œuvré pour repousser les frontières de la mort, qu’en ce temps du déni de la mort. Si l’homme n’a qu’une existence éphémère, il lui faut en jouir le mieux possible et le plus possible, en profiter avant que le néant l’absorbe. Cette considération ouvre la voie de l’utilitarisme jusqu’au mépris de l’autre.
La peur de la mort, comme terme définitif à l’existence, conduit à l’égocentrisme, à l’individualisme et à la rivalité. Elle amène à privilégier ses propres intérêts par rapport à ceux des autres. Elle est à la racine des conflits et des inégalités mais aussi de toutes les névroses existentielles. Par la peur de la mort, l’homme vit ce monde comme une finalité, il fait de la réussite sociale, professionnelle et financière son but, de la jouissance des biens de ce monde son seul bonheur. Cela conditionne toute son existence et malheureusement même sa pensée.
Nous n’avons jamais vécu de toute l’histoire une telle culture de mort. C’est pourquoi l’urgence de notre temps est à l’émerveillement qui donne accès à cette vie non conditionnée, à cette vie qui ne meurt pas.

Si le grain de blé, tombé en terre, ne meurt, il ne peut produire du fruit.
L’homme ne sait plus que ce monde est transitoire vers la vie éternelle, que ce monde porte potentiellement une vie qui ne meurt pas. Pourtant cette vie palpite au cœur de chaque parcelle du vivant. L ‘émerveillé ne peut pas croire à la mort comme terme définitif car il a fait l’expérience d’une vie qui jaillit de la mort apparente, surgissement printanier après la mort hivernale. Si le grain de blé, tombé en terre, ne meurt, il ne peut produire du fruit. La fécondité du blé qui meurt en terre est impressionnante. Si nous le savons pour le grain de blé pourquoi l’avons-nous oublié pour nous-même ?
Le grain de blé est symbole de la fécondité et de la générosité de la nature. Il nous signifie le don, l’offrande. Le grain de blé se donne pour la vie (ou la survie) des humains, de même tous les végétaux, de même le soleil et tout l’univers.

Les scientifiques affirment que le cosmos tout entier est nécessaire à la vie sur terre. Tout est en vue de l’homme, pour l’être humain. Les bouddhistes soulignent à juste titre que cela devrait susciter un élan de reconnaissance, de gratitude, donc d’émerveillement. La Tradition chrétienne est fondée sur cet élan de gratitude. La louange qui est au cœur de la prière chrétienne exprime cet élan de reconnaissance. Il suffit de relire les psaumes 103, 148,149,150.

Pressentiment dans le cosmos d’un au-delà du cosmos.
Mais cette reconnaissance ne s’adresse pas au cosmos, à la grande Nature mais par le cosmos à l’Auteur du cosmos.
L’expérience de l’émerveillement dans la sensibilité chrétienne est iconographique. Le visible devient fenêtre ouverte sur l’invisible ; le cosmos, la parure d’une réalité essentielle et transcendante ; la beauté devient témoignage de la vérité. L’émerveillement chrétien est pressentiment dans le cosmos d’un au-delà du cosmos. Il voit l’origine du cosmos dans l’Etre et non dans la matière. Il perçoit un donateur dans le don. Le don devient un lieu transitionnel, dialogal entre lui et le donateur.

Le cosmos, un océan de symboles.
Le cosmos tout entier est lu, pour reprendre l’expression de St Ephrem le Syrien, comme « un océan de symboles ». Chaque élément du cosmos est accueilli comme signifiant, comme porteur d’une parole. Le regard s’ouvre à la dimension symbolique. Y pénétrer c’est découvrir que nous sommes inclus dans une relation et que nous ne le savions pas. Dire que le cosmos est dialogal c’est dire qu’il est un lieu de dialogue entre deux êtres, un espace de relation.

La grâce.
Le chrétien accueille la vie qui rayonne dans le cosmos comme un don. Ce don de la vie, il l’appelle grâce car il se sent gracié par la vie, comblé par un amour infini. La louange naît de cette expérience de la grâce, des grâces reçues.

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