Compte Rendu Spiritualite Ecologie

vue Sainte Croix

Compte rendu séminaire Ecologie Spiritualité – Eté 2010 –

« La sobriété heureuse – la simplicité volontaire » par Marie Claude

Session écologie et spiritualité.

Quatre jours. Un long voyage, à l’écoute de soi, à l’écoute des autres, du Tout Autre, et du cosmos avec lequel la science la plus contemporaine nous apprend que nous sommes dès l’origine liés, apparentés, en résonance.

Car l’écologie ne peut être seulement la gestion prudente des ressources vitales dont dépend notre survie, elle est conscience, cheminement vers l’amour et la justice.

Le dépouillement matériel volontaire rend joyeux puisqu’il fait émerger, de la multitude encombrante et étouffante des besoins factices, l’essentiel qui nous fait vivre : la relation.

La simplicité c’est puiser à la source l’unité que nous sommes, au delà des personnages qui dissimulent l’être plus qu’ils ne l’expriment : être simple, ouvrir son cœur,  » Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu « .

Nous avons marché sur une ligne de crête : méditation matinale, recherche du Jardin dans le corps par le souffle, pratique corporelle avant d’échanger par la parole : parole écoutée d’un témoin parlant à partir de son expérience, parole partagée entre participants cheminant ensemble dans la réflexion, mise en perspective d’un texte d’Evangile choisi et commenté par Père Philippe ; liturgie.

Et puis la qualité des repas ( écologiques), la beauté du lieu, les chants entendus pendant les temps de silence, les tâches domestiques accomplies ensemble : car l ’écologie ne peut avoir de sens que dans toutes les dimensions de l’être, sinon elle peut devenir une oppression comme une autre et aussi un marché comme un autre. Y réfléchir doit donc se faire dans une réflexion commune et pas seulement intellectuelle, et en vue d’une pratique, d’un art de vivre responsable.

L’expérience et l’information font prendre conscience de l’urgence et de la difficulté d’un réveil des consciences : des multinationales font main basse sur le vivant, imposent des lois d’expropriation des ressources vitales communes au profit des firmes qui déposent des brevets sur le vivant et prétendent empêcher même l’échange gratuit des semences naturelles sélectionnées depuis des milliers d’années par les paysans ; des scientifiques travaillent sur la modification génétique de l’homme et la modification du corps par des éléments artificiels en vue même d’un monde  » post- humain « .

Et chacun sait que la publicité s’emploie à multiplier les besoins artificiels, visant particulièrement les jeunes – alors même qu’aucune multiplication des  » avoirs  » ne peut assouvir la soif de l’homme, soif d’absolu qui est de l’ordre de l’être. Dans ce sens la multiplication des  » biens  » matériels ne peut aboutir qu’à l’augmentation de la frustration.

Enfin une vidéo sur l’élevage industriel des poulets nous a remplis d’horreur : elle témoignait de sauvagerie, de mépris du vivant et pourtant il nous a été dit de  » dominer  » la terre et non de la dévaster. En somme au vu de tout cela une expression revenait :  » Nous allons dans le mur et nous y allons vite « . Beaucoup d’hommes commencent à en être conscients : il importe aujourd’hui de transmettre des informations précises, éclairantes. Cette crise atteint tous les aspects de l’existence, la crise alimentaire qui se profile nous a été particulièrement sensible, déjà des millions d’hommes en soufrent et en meurent et il ne s’agit pas d’une pénurie naturelle mais d’une violence due aux structures humaines.

La  » crise « , si l’on en croit l’étymologie grecque, c’est la faculté de discernement, et c’est le choix qui en découle. Une situation de  » crise  » est donc une situation qui nous pousse à la réflexion et qui nous pousse au choix. Entre le risque d’un sommeil persistant, d’un déni, et celui de rester fascinés, accablés par l’ampleur du désastre et résignés au pire, nous avons à inventer ensemble une  » éthique de la responsabilité «  ayant pour socle la foi, la confiance, car  » le pire n’est jamais sûr « , il faut toujours faire la part de l’improbable et de l’inattendu…et faire chacun sa part, avec humilité : désensabler la source, pratiquer l’hospitalité du cœur, le dialogue, le respect ( de soi , de l’autre, et de la nature, sans compter la louange et l’émerveillement), cheminer ensemble dans la réflexion et la mise en pratique d’actes et d’un art de vivre en cohérence avec notre conscience, dans la nourriture, l’habitat, les relations, les engagements, la sobriété qui préserve la terre et autrui ; ne pas se laisser arrêter par la crainte de n’être qu’un grain de sable dans les rouages gigantesques de l’économie car il faut, a-t-on dit,  » penser large et agir petit « . La figure de David face à Goliath nous est venue.

Et puis l’ « acte vrai  » celui qui vient du cœur et de la conscience possède une grande force, –  » la foi déplace les montagnes  » -, même quand il ne s’applique pas à une situation grandiose ; il est aussi une école de responsabilité qui nous affermit dans la conscience et dans une attitude éthique. Il a une grande force à condition que celui qui le pose soit uni aux autres, à la fois dans la dimension de la justice envers ceux qui souffrent – et il se peut que nous participions involontairement à cette souffrance dans le cadre de structures économiques qui nous dépassent- et dans l’espace d’une joyeuse coopération entre tous. Il s’agit de chercher à construire une société, non plus de compétition mais de coopération, d’où l’importance particulière de l’éducation. Que voulons- nous transmettre à nos enfants ? Quelle terre, quelle société, quelle anthropologie ? Avec eux aussi il nous appartient d’être solidaires, d’assumer notre responsabilité, de leur donner accès, autant qu’il se peut, autant qu’il nous revient de le faire, à la Vie.

En somme l’écologie est liée à une  » économie  » du don réciproque, au refus du catastrophisme comme de la résignation. Car  » l’esprit souffle où il veut…  » et l’homme est appelé à devenir un être de lumière, en communion. Dans sa dimension spirituelle l’écologie s’oppose au morcellement erratique des existences et œuvre à faire advenir ce Visage.

Terminons par une phrase de Jean- Baptiste Libouban, compagnon de l’Arche de Lanza del Vasto et faucheur volontaire, dont le témoignage de vie et d’être a particulièrement marqué la session :  » Je suis comme un écureuil qui marche dans l’arbre de Vie « , avec joie, malice et légèreté…

Marie Claude