Aujourd’hui, la société accorde le statut d’être humain à partir de la naissance jusqu’à la mort de l’individu. Le déni d’humanité à l’embryon ouvre la porte à toutes les manipulations jusqu’à la possibilité de lui ôter la vie en toute impunité. Or, comme le chêne est déjà dans le gland, la plénitude de l’humanité n’est-elle pas déjà présente dans l’embryon ? Jamais l’embryon ne deviendra un être humain s’il ne l’est dès le début. Le considérer comme un amas de cellules est une chosification, une conception réductrice et matérialiste. Scientifiquement, on sait que l’embryon possède sa propre identité car il a son code génétique propre. Lequel lui donne un caractère unique.
Si la notion de personne se reconnaît à travers ces éléments, elle les transcende tout autant. C’est pourquoi, il devient essentiel de distinguer les notions de personne et de nature. On ne peut réduire la personne à la nature ou à ses capacités d’expression. Une personne ayant un handicap physique ou mental, étant atteinte par la maladie d’Alzheimer ou par la démence sénile est toujours une personne qui doit être traitée avec toute la dignité qui convient. Faute de quoi, nous ouvrons la porte à toutes les barbaries. Peut-on vraiment réduire l’homme à une vision utilitariste ?
Le visage dit mieux que tout autre le caractère unique et irréductible de la personne. Il est une réalité qui échappe à toute emprise, ouvre sur un infini qui désigne la profondeur de l’être humain et son mystère. L’approche rationnelle ne pourra jamais dire le tout de l’autre, il lui manque la sensibilité du coeur. C’est ce à quoi éveille la vie spirituelle. Seule elle peut nous conduire vers la vision totale de l’être humain et nous faire retrouver le sens de la personne pour redonner sens à l’existence. La personne est un être en devenir qui transcende les caractéristiques naturelles.
Face à l’urgence anthropologique, nous avons lancé depuis quelques mois un groupe de recherche pour approfondir la question de l’homme et s’interroger sur le sens de la personne. Nous sommes ouverts à toute collaboration qui pourrait nous enrichir dans ce domaine à partir des données scientifique, psychologique, médicale, biblique et spirituelle. Dans la joie des fructueux échanges à venir.
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui ? Et le fils de l’homme pour que tu prennes soin de lui ? Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, Tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné autorité sur les oeuvres de tes mains, Tu as tout mis sous ses pieds ». Psaume 8/5-7.
Père Philippe Dautais