Pour un nouveau regard

L’heure est à la glorification du hasard. On peut lire dans une revue cette parole : « Je suis émerveillé que le hasard ait fait si harmonieusement les choses ».

Le hasard est devenu la cause première, un nouveau mode d’explication qui élimine toute relation à l’invisible. L’harmonie est fortuite, elle n’a aucun sens. La vie n’aurait jamais pu jaillir, elle est advenue, c’est là une merveille dont on peut ne pas s’étonner.

Certains ont été saisis par une telle générosité, par la profusion de tous les biens qui sont à disposition de l’être humain. Leur attitude a été de remercier, d’accueillir le don et de prendre soin de la vie si fragile, si précieuse et si généreuse. Ils sont entrés dans un mode de gratitude qui est le fondement de la vie religieuse.

Etre religieux, c’est dire merci, c’est pressentir un donateur dans le don. Le merci ouvre sur la profondeur relationnelle qui sous-tend toute réalité. Il introduit un espace dialogal où chaque élément cosmique devient porteur d’une signification – le monde devient un océan de symboles pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, un coeur pour sentir l’infiniment infini.
La gratitude est une attitude qui caractérise tous ceux qui se réfère à une tradition spirituelle. Elle est la réponse au défi de notre temps et nous invite à une culture de l’émerveillement qui soit la promotion de toutes les richesses et la gestion responsable du partage des biens communs.
C’est l’absence de gratitude qui favorise la jouissance individualiste puis finalement l’exploitation des Ressources réduites à des biens de consommation.

La chosification du monde a conduit à une situation limite qui pèse sur l’avenir de l’humanité. Ne sommes-nous pas invités à un changement de rapport au monde qui passe par l’émerveillement et la reconnaissance de la générosité de la nature qui nous donne en partage plus que nécessaire ?

Père Philippe Dautais