La fête de la Nativité est un événement immense et inouï : Dieu en Jésus devient visage, Il se fait notre prochain.
Cette fête est située au coeur de l’hiver, au moment où les nuits sont les plus longues, où le froid nous oblige à nous réfugier à l’intérieur de nos maisons. C’est la période la plus éprouvante, la nature est dépouillée, le givre a recouvert toute la végétation et nombre de personnes en situation précaire doivent lutter pour survivre. Nous savons que cette désolation peut aussi pénétrer en nous et habiter nos âmes. Certains traversent un hiver intérieur sans voir advenir une nouveauté.
La fête de Noël vient chaque année nous rappeler que c’est justement au coeur de nos nuits et de nos hivers qu’advient la lumière et que peut se lever un jour nouveau. Cette nouveauté jaillit dans la discrétion, elle est « une lumière qui éclaire de l’intérieur tout homme venant en ce monde » Jean 1/3. L’hiver nous invite à descendre dans nos profondeurs pour y découvrir cette lumière et nous laisser régénérer du dedans.
C’est une expérience intime qui rejoint celle de Moïse dans l’épisode du buisson ardent. Dieu avait demandé à Moïse de se déchausser, d’être pieds nus, dépouillé de l’aveuglement matérialiste, la marque de l’extériorité pour percevoir l’invisible dans le visible. Il avait alors vu « le buisson tout en feu et le buisson ne se consumait pas » Ex 3/2.
Ceci était la préfiguration de l’avènement du Messie. L’humanité de Jésus est le nouveau buisson ardent dans lequel brûle le feu de la divinité sans consumer son humanité. Feu qui embrase et ne consume pas. Feu qui descendra sur les apôtres le jour de la Pentecôte pour manifester la finalité de l’incarnation du Verbe de Dieu : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne participant du feu divin. »
Le feu est lumière et chaleur. Il éclaire et il réchauffe. Ainsi le feu de la divinité vient éclairer tout homme, réchauffer sa foi et son espérance. C’est ce feu qui nous donne de devenir pleinement vivants et libres de tous les enfermements, les contingences et les fardeaux de la vie.
Le Christ vient pour restaurer notre dignité déchue. Il vient nous rappeler que nous sommes fils et filles de roi, fils et filles de la lumière. Notre déchéance advient principalement à cause de l’oubli de notre réalité fondatrice : nous avons été créés à l’image de Dieu pour la ressemblance. Dès le commencement nous avons été investis de cette dignité royale. Si nous savions vraiment, notre attitude l’exprimerait.
Si les circonstances de la vie ou l’accablement nous conduisait vers la détresse ou même la déchéance, nous aurions avant tout besoin qu ‘on nous rappelle notre dignité, la noblesse qui nous habite. La reconnaissance de cette dignité royale permet de se relever et de trouver la force intérieure pour assumer le quotidien.
Peu à peu, dans cette assurance intérieure, nous pourrons découvrir le quotidien comme buisson ardent, habité par la Présence. Alors la lumière percera le voile du visible et embrasera même la matière. Le Christ n’a-t-il pas dit qu’il était « venu jeter le feu sur la terre », n’a-t-il pas vécu l’expérience de la Transfiguration. Que ce feu se répande dans nos coeurs pour nous unir dans une même célébration.
Nous vous souhaitons une belle et joyeuse année dans la grâce de cette Nouveauté inaugurée en ce jour.