Méditation et prière (Retraite : De la méditation à la prière du cœur)
La méditation et la prière sont les modes essentiels de la vie spirituelle. Au milieu d’un monde agité qui tend à nous solliciter et à nous absorber de plus en plus, il est essentiel pour notre équilibre personnel de savoir se retirer dans le silence et de trouver un temps de ressourcement. Les apôtres qui ne savaient comment prier demandèrent à Jésus : « Seigneur apprends nous à prier ? ». Jésus répondit : « quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret et ton Père qui voit dans le secret te le rendra… » Mat 6/6. Nous pouvons entendre cette parole sur deux plans complémentaires :
- Dans un premier temps, Jésus nous conseille de trouver un espace paisible, voire intime (la chambre), de fermer la porte aux bruits du monde pour s’adonner à la prière.
- Nous pouvons aussi entendre : si tu veux prier, descends dans la chambre de ton cœur, ferme la porte aux soucis du monde, à l’agitation des pensées, aux raisonnements du mental pour, dans le silence intérieur, rencontrer le Père qui est présent.
C’est toujours Dieu qui a l’initiative. Le désir de prier est, en l’être humain, l’écho de l’appel de Dieu. Dans cette conscience, la prière s’inscrit de facto dans une relation et un dialogue. Tout dépend alors de notre disposition du cœur, c’est pourquoi, il est de la première importance d’avoir élu un espace privilégié pour la prière puis d’apprendre à descendre dans le cœur profond pour faire l’expérience du silence. La prière n’est vraiment spirituelle que si elle jaillit de l’esprit ou cœur profond. Notre première tâche dans les retraites de méditation et de prière, que nous proposons au Centre Sainte Croix depuis plus de 30 ans, est d’initier cette pratique donc de conduire vers cette expérience.
Deux modes de prière traditionnels nous aideront dans cette tâche :
– La pratique de la lectio divina
– La pratique de la prière de Jésus.
La lectio-divina ou lecture priante de l’Ecriture sainte est le plus ancien mode d’apprentissage de la prière. Nous l’avons hérité de la tradition juive. Le principe est de restituer l’oralité au texte de la Bible ou plus communément de l’Evangile que nous désirons méditer, puis de se laisser toucher par une parole ou une phrase que nous laissons vivre en nous ou même que nous manduquons au cours de la journée. La méditation continuée de cette parole portera, par la grâce de l’Esprit saint, des fruits insoupçonnés et peut nous conduire vers le silence. Il est bien dit dans les Evangiles : « Seigneur, dis une seule parole et mon âme sera guérie ». La Lectio-divina nous fait entrer dans le dialogue divino-humain inscrit dans la lettre de l’Ecriture. Elle est de ce fait une des plus belles façons d’accéder à la prière. La prière liturgique puise dans l’Ecriture sainte et dans la pratique de la Lectio-divina des Pères de l’Eglise.
La prière de Jésus (Retraite : prière de Jésus, prière du cœur) Dans le même esprit que la Lectio-divina, la prière de Jésus est devenue une pratique très répandue dans l’orient chrétien. Elle est au cœur de la tradition hésychaste ou philocalique dont nous avons parlé dans l’onglet sur la voie spirituelle. Les anciens savaient combien il est difficile de se soustraire à l’assaut des pensées, ce qui est essentiel pour la purification du cœur. Dans le désir d’atteindre à la simplicité du cœur, ils ont inventé la prière monologique dont le principe est de remplacer les pensées multiples par une seule pensée. Cette pensée était au départ, dans le droit fil de la lectio-divina, une parole de la Bible, puis elle est devenue une parole qui récapitule toute l’Ecriture Sainte. De même que les juifs invoquaient constamment le Nom de Dieu (psaumes 8/2, 20/8, 79/9, 118, 124/8…), les chrétiens ont naturellement commencé à partir de la Pentecôte à invoquer le nom du Seigneur Jésus et à tout faire au nom de Jésus : à se réunir, à guérir les malades, à ressusciter les morts : « ils faisaient tout au nom du Seigneur Jésus » (Actes 4/2-30). Pour des motifs pédagogiques et spirituels, la formule usuelle qui a été retenue par l’Eglise est : « Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Cette parole qui récapitule toute l’Ecriture est donc centrée sur le nom de Jésus, confessé comme Messie et fils de Dieu. Messie vers lequel converge la première alliance. Chaque mot de la prière appelle un commentaire pour bien comprendre l’esprit de la prière qui allie invocation et métanoïa (conversion intérieure). Notamment, le « Aie pitié » est à entendre comme un appel de la grâce, traduction du mot grec « éléison » qui fait référence à l’onction de la grâce. Le pécheur est celui qui se reconnaît comme tel donc qui est conscient de son état d’exil, de ses manquements et en appelle à son Seigneur. La pratique de la prière de Jésus a pour vocation d’être permanente, en tout temps et en tout lieu. Elle est simple à mémoriser de sorte que l’on peut l’emmener partout avec soi et elle peut s’appliquer à toute situation. Elle est un puissant moyen pour vivre l’essentiel spirituel au sein de l’existentiel. La prière de Jésus conjointe à la pratique de la Tradition hésychaste s’avère être adaptée à notre réalité actuelle et une voie spirituelle incomparable pour la sanctification personnelle et la transformation du monde. Elle demeure le fruit d’une transmission ininterrompue du meilleur de la tradition spirituelle chrétienne bi-millénaire.
Dans les retraites sur la prière de Jésus, nous la pratiquons cinq fois par jour pour stimuler la pratique personnelle des retraitants.