Pentecote

Sainte Croix centre d'étude et de prière orthodoxe

La Pentecôte   15/6  2003./La Pentecote.pdf »>pdf

 

Le jour de la Pentecôte, les apôtres étaient tous ensemble dans un même lieu, tous réunis dans un même élan de cœur et l’Esprit Saint est descendu sur chacun d’eux sous forme de langues de feu.
Aujourd’hui nous sommes aussi tous ensemble assemblés en un même lieu et le Seigneur a répandu sa grâce.

Il semble que pour nous, l’Esprit soit un inconnu, inconnu parce que tout d’abord il est transparent, humble et tellement humble qu’on ne peut le rencontrer car il est plus intime à nous mêmes que nous mêmes ; d’autre part il nous manque pour le rencontrer, d’accueillir sa grâce et ses dons. Tout réside pour nous dans cette attitude d’accueil.
Cette possibilité de perfection par la grâce nous est donnée chaque jour et même à chaque instant.
Ce qui différencie un chrétien d’une autre personne, nous le savons, ce n’est pas qu’un chrétien soit meilleur. Ce qui différencie le chrétien c’est qu’il sait rendre grâce, il sait remercier. Il rend grâce pour tout ce qui jaillit de lui, la vie, le souffle, l’intelligence, les charismes. Il est dans le gratitude vis-à-vis de Celui qui a répandu ces biens. Nous pouvons entrer dans l’expérience consciente du Saint Esprit en la reconnaissance de grâces et la  reconnaissance des dons ainsi que nous y invite le psaume 102 : « mon âme bénis le Seigneur et n’oublie aucun de ses bienfaits ».
Plusieurs saints, et on pourrait citer St Silouane de L’Athos, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ont insisté sur le fait que l’homme perdait la Foi parce qu’il ne savait pas reconnaître une grâce comme une grâce.
Ne faisant pas l’expérience de la tendresse divine manifestée par la grâce et n’ayant pas l’expérience des tendresses de Dieu et des manifestations divines dans la vie, l’homme en vient à ignorer Dieu et même à nier son existence.
Ainsi ce qui nous est essentiel pour passer de la croyance, qui est une adhésion intellectuelle à la foi, c’est l’expérience consciente de la vie divine, essentiel de la vie chrétienne qui passe tout d’abord par la reconnaissance des grâces reçues. Se faisant, l’être humain s’ouvre, il s’émerveille, il s’étonne, il est surpris comme dit l’apôtre Luc dans les Actes des Apôtres, il est étonné et stupéfait de toutes les grâces dont il est favorisé et dont il ne s’était jamais aperçu auparavant.
Il s’ouvre ainsi sur des dimensions plus vastes et il perçoit que le monde n’est pas limité à ce qu’on perçoit du monde, au visible, à l’extérieur. Il s’ouvre sur la dimension de l’invisible dans le visible, de l’impalpable dans le palpable, à la profondeur ontologique.
Alors l’homme entre dans une perception que nous pourrions appeler iconographique au sens où il ouvre une fenêtre sur l’invisible ( le cosmos tout entier devient une fenêtre sur l’invisible); de ce fait l’homme est entraîné dans un dialogue avec Dieu au cœur de la réalité existentielle. Il entre en relation tout d’abord par la relation symbolique qui conduira l’homme vers le réalisme sacramentel de la Présence de Dieu au sein de la Création (Rom 1/20).
Ainsi, l’homme illuminé par l’Esprit Saint, l’homme nouveau est un être de dialogue qui non seulement sait dialoguer avec son prochain mais qui sait percevoir les manifestations de Dieu dans le monde, dans les événements et bien sûr tout d’abord en lui-même car qui peut percevoir Dieu en l’autre s’il ne l’a pas reconnu en lui-même.
Pour cela il s’agit de purifier son cœur avant tout. Avant de vouloir enlever la      paille de l’œil du voisin, enlever la poutre qui est dans le mien et qui m’empêche de voir. L’Esprit Saint ouvre le regard.
Toutes les souffrances, tous les drames de l’humanité sont liés et sont la conséquence de l’aveuglement de l’homme dont le cœur est obscurci par l’égoïsme et les passions.
Ainsi l‘Esprit vient ouvrir le regard afin que nous puissions voir au-delà, atteindre la profondeur du réel.
Au de-là d’abord des apparences, au-delà de la seule considération existentielle, pour voir que dans le souffle de l’Esprit Saint nous sommes en marche immédiatement vers la vie éternelle. Nous sommes en marche vers ce que Dieu nous a promis : la participation à Sa vie.
Ce qui peut commencer à nous faire cheminer, c’est d’abord la reconnaissance de cela, puis de percevoir peu à peu le Royaume qui vient vers nous, car sans cesse Dieu est devant nous.
Il nous appelle, Il nous bouscule, Il vient nous provoquer afin de nous réveiller.
Le Christ est venu stimuler en ce sens, Il est venu réveiller en nous le désir de la vie éternelle.
Il est venu réveiller l’aspiration à vivre, l’aspiration à être, l aspiration à aimer et à être aimé.
L’Esprit Saint vient re-dynamiser cette aspiration à être et à aimer, le Christ n’a rien fait d’autre en venant dans le monde que de réveiller cette Foi.
Vous avez entendu le Christ dire dans l’Evangile «Je suis venu jeter le feu sur la terre et je suis venu donner soif, c’est-à-dire réveiller cette ardeur et cette foi qui est donnée justement par la grâce du Saint Esprit. Je suis venu afin que vous ayez soif et que cette soif vous conduise jusqu’à la vie éternelle.»
Donc, Il est venu réveiller en nous un désir de vie, un désir d’être, un désir d’aimer, désir qui est infini car don de Dieu infini en nous. Les réalités matérielles  ne pourront jamais satisfaire ce désir d’ infini.
L’Esprit Saint vient ouvrir le coeur, ouvrir le regard pour que nous voyons plus large car nous sommes capables de l’infini.
C’est là notre position ontologique, à savoir que nous sommes crées à l’image de Dieu et en vertu de cette image, appelés à la conscience, donc à la responsabilité.
Et d’autre part, Il nous invite à nous ouvrir à la vie éternelle c’est-à-dire à l’infini de Dieu que nous  portons dans notre cœur.
Saint Séraphin de Sarov qui est un grand Saint (fin 18e/début 19e siècle) disait que cette grâce est donnée en plénitude à celui qui est baptisé et ensuite confirmé par le sceau du Saint Esprit Il nous reste à actualiser cette grâce reçue car, comme  le dit ce même Séraphin de Sarov, le but de la vie chrétienne, c’est l’acquisition du Saint Esprit.

Qu’est ce que cette acquisition?
C’est une appropriation de la grâce. .
Ainsi le chemin de la vie chrétienne consiste à devenir consciemment ce que nous sommes et à tendre vers la ressemblance avec Dieu, vers la vérité telle qu’elle est et non pas telle qu’elle nous apparaît dans un premier aspect mais telle qu’elle est dans la profondeur, en percevant son intervention dans les événements, dans le dialogue avec l’autre et finalement dans le cosmos lui-même qui est incorporation de Sa parole.
Et se faisant, nous nous ouvrons déjà à la réalité que vivait Adam au paradis, à savoir le dialogue incessant avec Dieu qui provoque croissance et dynamisme par l’onction du Saint Esprit.
Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous unis, d’un même cœur dans l’attente du Saint Esprit annoncé par le Christ
Aujourd’hui nous sommes tous ensemble unis et nous attendons, et nous prions et nous supplions l’Esprit Saint de descendre dans nos cœurs, non pas, comme pourrait dire Saint Séraphin de Sarov, qu’Il ne soit pas là , mais ce que nous demandons, c’est de prendre conscience de la grâce que l’Esprit Saint nous a donnée et nous donne à cet instant même.  Par une ouverture de conscience, nous  participons dans l’immédiateté, dans l’instant, à la grâce donnée.
Saint Séraphin et Saint Silouane nous disent que, dans cette expérience, nous oublions la terre, les soucis du monde pour être ravis en Esprit, dans la perfection de ce qui s’ouvre devant nous et non pas  dans le « rabachage » de tout ce qui ne va pas, de tout ce pourquoi nous nous désolons.
Prions le Saint Esprit qui est présent au milieu de nous  donner d’être vraiment illuminé et que notre chemin soit ouverture de conscience.
Que nous puissions toujours ouvrir davantage nos regards, ne pas nous laisser aliéner par les événements ou les épreuves de ce monde, que nous marchions sans cesse selon l’appel que nous avons reçu dans le dynamisme de l’Esprit Saint.
Étant assurés que le Seigneur, par le baptême nous a fait fils de Dieu.
A nous de le désirer,  nous de le devenir, à nous de nous ouvrir et de percevoir sa grâce qui nous est donnée pour cela, à nous de savoir accueillir le don.
C’est cela que nous avons à vivre, c’est en cela que consiste la Vie Chrétienne pour la plus grande gloire de Dieu, Père Fils et Saint Esprit.
Amen !