Iconographie
L’Atelier de la Résurrection propose depuis 20 ans, au rythme de 4 fois par an, des sessions pour apprendre à « écrire » une icône selon les méthodes traditionnelles. L’accent est porté sur la qualité de la transparence, notamment des visages, sur le sens pédagogique et spirituel de l’icône proposée comme chemin vers la contemplation du monde transfiguré.`
Une méthode de travail a été élaborée pour permettre aux débutants de progresser rapidement.
Les intervenants :
L’art de l’icône
L’icône est l’expression, sur le plan artistique, de la contemplation chrétienne du monde céleste. Elle ne peut être réduite à une représentation religieuse. Médiation entre le visible et l’invisible, fenêtre ouverte sur l’irreprésentable, l’icône dit par l’image ce que la théologie veut nous montrer. Elle appartient à l’univers liturgique.
C’est pourquoi, elle est offerte à la vénération dans les églises orthodoxes et est de plus en plus présente dans les églises catholiques. Elle porte le témoignage de l’unité de la foi vécue au premier millénaire du christianisme dans l’Eglise indivise.
Lumière de l’Orient, art sacramentel, l’icône porte un message essentiel pour notre temps. Elle nous invite à l’émerveillement face à la beauté, à poser un autre regard et à nous détourner des idoles. L’être humain, en effet, a fortement tendance à « prendre ses désirs pour des réalités », à objectiver et chosifier le vivant, à considérer ce qu’il voit comme le tout du réel ou, d’une autre manière, il a tendance à construire des représentations, à confondre le réel avec l’idée qu’il s’en fait. L’icône, au contraire, est de l’ordre de la révélation, du dévoilement. Elle trouve sa justification dans la foi en l’incarnation du Logos qui vient vers nous. Par l’incarnation, Dieu s’est fait visage. L’évangéliste Jean affirme nettement que Jésus-Christ, Dieu fait Homme, est entré dans l’histoire et s’est révélé à de nombreux témoins : « ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant le Logos, car la vie a été manifestée et nous l’avons vue et nous lui rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée…(Jean 1/1-2). L’icône du Christ n’est pas la représentation de sa nature humaine (ce qui confinerait à l’idolâtrie), ni de sa nature divine inaccessible, mais elle rend présente la personne de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme. L’icône est figurative et simultanément échappe à toute saisie. Mystère du visage fait de matière et habité de lumière, immanent et ouvert sur la transcendance. L’icône offre un espace de rencontre, rencontre de deux regards qui communient. Les icônes nous regardent et nous invitent à l’accueil, à nous laisser rejoindre dans la profondeur de notre cœur. Cet autre regard est apte à faire émerger la lumière qui nous habite et à éveiller les forces de vie pour notre libération et notre guérison. Cet autre regard est réparateur.
La fréquentation des icônes ouvre le regard sur la profondeur du réel, derrière les apparences et rend sensible à cette vie qui sourd en toutes choses. D’une manière indicible, une perception nouvelle se fait jour pour conduire vers les plus hauts degrés de la contemplation.
Par l’icône se purifie le regard et par le regard, le cœur. Elle devient un chemin vers le mont Thabor, lieu de la révélation de l’Homme « pneumatique », rayonnant de la gloire divine.
L’or, dans l’icône signifie la lumière. Le mode de l’icône est passage des ténèbres vers la lumière. La lumière est ce par quoi nous voyons toutes choses. Pédagogie du regard vers la perception transfigurée du monde.
Au départ, les élèves se sentent « attirés » par l’icône puis entrent dans l’apprentissage de la technique. Progressivement, une relation s’établit, l’application à la transparence trouve sa place et ouvre de nouveaux espaces dans lesquels chacun peut entrer selon son rythme propre. L’icône invite au voyage, à une véritable aventure spirituelle dans le dynamisme du Souffle, dont on ne sait « ni d’où il vient, ni où il va ».